
UN VOYAGE A MALTE
MALTE synthèse méditerranéenne
A l’automne 2023 Éric MAYER-SCHALLER, vice-président de notre section a organisé un voyage à Malte, pays qui lui est cher et dont il est le Consul, honoraire pour l’est de la France (cf bulletin 2024).
Deux participantes de ce voyage, dont une appartenant à notre comité, ont voulu à leur retour en Alsace relater leur périple.
Malte, archipel singulier, est un des plus petits États qui, en sept mille ans d'histoire, réunit le meilleur de l'Europe et de l'Afrique, de l'Orient et de l'Occident.
Une page d'histoire
Malte a connu diverses occupations qui ont laissé leur empreinte : les Phéniciens d'abord en l'an mil avant JC, peu de temps après Carthage en prend le contrôle. En 218 avant JC, Malte passe sous la domination romaine pendant la deuxième guerre punique. En l’an 60, Saint Paul y fait naufrage. Les maltais lui font bon accueil. Mordu par une vipère, contre toute attente, il survit à cette morsure. La population païenne y voit la protection de son Dieu. Nombreux sont ceux qui se convertissent au christianisme.
Au 4ème siècle de notre ère, Malte est rattachée à Byzance.
Les Arabes s’en emparent et l’occupent de 869 à 1090. Ils sont chassés des îles maltaises par les Normands. A compter de 1122, le christianisme devient alors l'unique religion pratiquée.
A partir de 1282 jusqu'en 1530, Malte est successivement possession de la maison d'Anjou, de la maison d'Aragon, puis de celle des Habsbourg d'Espagne.
En 1530, Charles Quint cède l’île de Malte à l’Ordre Souverain Militaire Hospitalier de St Jean de Jérusalem qui vient d'être chassé de Rhodes. Les chevaliers vont régner sur Malte pendant 268 ans. Ils vont notamment résister en 1565 pendant quatre mois à une invasion turque et ce sous la direction du Grand Maître, un Français, Jean Parisot de la Vallette, qui a donné son nom à la capitale actuelle. Sous la direction des Chevaliers de Malte, l'île devient un des premiers centres culturels de l'Europe.
Napoléon Bonaparte, en route pour l'Egypte, obtient la capitulation de Malte, qui refusait de l'accueillir, et confisque les biens des Chevaliers de Malte. Ces derniers se réfugient en Sicile, puis à Rome.
Au terme d’un siège de l'île de six mois, les Français se rendent aux Anglais. En 1802, la Paix d'Amiens restitue Malte aux Chevaliers mais les Anglais s'y opposent. En 1814, la Paix de Paris confère finalement la possession de Malte aux Anglais, qui en font une colonie et une grande base navale.
Pendant la seconde guerre mondiale, les îles sont bombardées sans interruption par les Allemands et les Italiens. Malgré un blocus d'une durée de deux ans, les puissances de l'Axe ne réussissent ni à affamer complètement la population de Malte, ni à s'y implanter.
Pour honorer l'héroïsme de la population maltaise, le roi George V décore Malte de la George Cross qui figure encore de nos jours sur son drapeau.
Les Anglais quittent Malte en 1964 ; dix ans plus tard, Malte devient une république indépendante tout en restant dans le Commonwealth.
En 2004, la République de Malte devient membre de l'Union européenne et adopte l’euro en 2008.
Notre voyage
Le groupe des participants au voyage, composé d’une trentaine de personnes appartenant aux trois ordres ; la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH), l’Association des membres de l'Ordre national du Mérite (ANMONM), et l’Association des membres de l’Ordre des Palmes Académiques (AMOPA) arrive à l’hôtel Cavalieri de St Julian’s le soir du mercredi 25 octobre 2023.
Le lendemain, jeudi 26 octobre, nous débutons par la visite de La Valette, capitale de Malte.
Dès avant l'entrée de La Vallette, on peut admirer la Fontaine aux Tritons, les magnifiques fortifications de la ville et le bâtiment du Parlement maltais. Il faut ensuite parcourir les Jardins Upper Barracca. De leur très belle terrasse, qui domine les remparts, s’ouvre une vue exceptionnelle sur le Grand Port et les trois Cités : Birgu (ou Victoriosa), Bormla (ou Città Cospicua) et l’Isla Senglea (ou Città Invicta).
Victoriosa, avec ses ruelles et ses anciennes « auberges », abrite un musée de l'Inquisition qui frappe particulièrement par le traitement carcéral réservé aux suspects.
La co-cathédrale St Jean, chef d'oeuvre de l'art baroque, construite entre 1573 et 1577, qui présente un extérieur sobre, voire austère, est, à l'intérieur, d'une impressionnante richesse et d'une folle exubérance baroque, grâce à une profusion de dorures, de marbres et de fresques. Le sol est pavé des pierres tombales de 400 illustres chevaliers. Quant à l'oratoire, il abrite la Décollation de Saint Jean-Baptiste, monumental tableau du Caravage, le seul tableau signé par le maître italien du clair-obscur.
Malheureusement nous ne pouvons, pour cause de travaux, visiter le Palais des Grands Maîtres qui renferme des exceptionnelles tapisseries de la manufacture des Gobelins.
Dans cette même journée, nous avons vécu un des moments forts de notre voyage, à savoir la réception organisée au Casino Maltese, par M. Éric Mayer-Schaller, Consul honoraire de Malte, en présence de l’Ambassadrice de France, Son Excellence Mme Agnès von der Mühl et de l’Ambassadrice d’Autriche à Malte, Son Excellence Mme Erika Bernard, anciennement en poste à Strasbourg. Une image d’Épinal rend hommage au Général de Gaulle qui a créé l’Ordre National du Mérite en décembre 1963. Pour commémorer ce 60ème anniversaire, cette image est offerte, au nom du groupe, à Madame l’Ambassadrice de France par Mme Cécile Hartmann, Présidente de notre section de l’ANMONM.
Ce moment d’échanges et de convivialité est particulièrement animé, grâce à M. Éric Mayer-Schaller, Consul honoraire de Malte à Strasbourg et Vice Président de notre section.
L’après-midi est ensuite consacrée à la visite du théâtre Manoel, construit en 1731(un des trois plus anciens théâtre toujours en activité au monde) puis à celle de l'Hôpital St Jean des Chevaliers Hospitaliers avec, notamment, la projection d'un film « Malta Experience » retraçant l'histoire de Malte.
Les lieux bâtis au 17ème siècle rappellent les Hospices de Beaune tout en étant plus grands que ces derniers. Ils impressionnent tout d'abord par leur taille : la grande salle mesure 154 mètres de long, 10 mètres de large et 9 mètres de haut, non soutenue par des piliers. Ils impressionnent ensuite par leur aménagement et leur organisation : lavabo individuel, système d'évacuation des eaux usées, distribution des repas etc... Le premier étage est réservé aux malades aisés, le second, moins confortable, à une population pauvre ou modeste.
Le reste de l’après-midi est consacré à la poursuite de la visite de la ville de La Vallette. Pour l'anecdote, le décor mural d'une pâtisserie bien achalandée comporte un grand bonnet phrygien. Au gré de nos déambulations, on peut admirer de très belles portes.
De retour à l’hôtel, les échanges se poursuivent joyeusement autour d’un apéritif pris sur la terrasse, puis du dîner.
Le lendemain, vendredi 27 octobre, la journée, ensoleillée, est consacré à la visite de Ta Qali, de Mdina, Città Notabile, de Rabat. Ta Qali, est un village d'artisans spécialisés dans les verreries de Mdina glass ainsi que dans les bijoux en filigrane et la faïencerie.
Mdina, ancienne capitale de Malte, est une cité médiévale, construite par les Romains, occupée par les Arabes et fortifiée par les Chevaliers Hospitaliers de St Jean. Avec une population de 300 habitants, elle se distingue par les palais des vieilles familles nobles maltaises. En arpentant ses rues sinueuses, formant des boucles, bordées de maisons, de couvents et de palais, on peut admirer de très belles portes avec armoiries. La cathédrale St Paul et le Musée présentent de nombreuses toiles de maîtres italiens.
La matinée se clôt par un sympathique déjeuner, dans un patio, avec la possibilité de goûter à une spécialité locale : le ragoût de lapin à la maltaise.
Puis Rabat, ville basse de Mdina, séduit par les ruelles tranquilles et fleuries et les balcons fermés en bois peint ressemblant à des moucharabiehs. La visite des Catacombes de la Grotte de St Paul, complexe typique des cimetières chrétiens courant aux 4ème et 5ème siècles après JC, complète le programme.
Enfin, samedi 28 octobre, une dernière visite s'impose : une curiosité à ne pas manquer, Marsaxlokk, (son nom signifie « baie du Sirocco » et se prononce « Marsachlok »), petit village de pêcheurs très prisé par les Maltais pour son marché aux poissons du dimanche. Dans cette anse, mouillent des barques de couleurs vives, dont la proue est ornée de l'« oculus », l'oeil protecteur des marins. Le 2 et 3 décembre 1989, c'est à bord de navires ancrés au large de Malte que George W. Bush et Mikhail Gorbatchev mettent officiellement fin à la guerre froide.
Nous passons la matinée dans ce havre de paix avant de repartir à midi pour les trois citées : Birgu (ou Victoriosa), Bormla (ou Città Cospicua) et l’Isla Senglea (ou Città Invicta).
Les premières « auberges » des Chevaliers de l'Ordre hospitalier de Saint Jean de Jérusalem, arrivés en 1530 à Malte, sont installées à Birgu. Ils y construisent alors des demeures, des couvents, des palais et des églises.
Nous sommes reçus chaleureusement par Éric Mayer-Schaller à déjeuner. La terrasse de sa maison offre un magnifique panorama sur les alentours et spécialement sur un immeuble ancien transformé en université de langue anglaise et maltaise.
Camille HUMBERT et Elisabeth RIGAL,
membres de la section ANMONM du Bas-Rhin
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